infos
close

Connectez-vous d'un ordinateur

Blandine Babinet_Roseline Jomier_Chantal Bourgey_Des bibliothécaires en prison : carnets de santé

La bibliothèque de la maison d’arrêt de la Santé a fonctionné jusqu’en 2013 de façon très originale. La gestion en a en effet été confiée à une association, "Culture et Bibliothèques pour Tous", et ce sont ses bénévoles qui l’ont organisée, gérée, administrée et animée pendant toutes ces années. C’est cette histoire particulière dans l’univers carcéral -faite de rencontres, de difficultés, de réussites, l’histoire de la place essentielle que cette bibliothèque a tenue auprès des détenus, que ces carnets souhaitent relater et partager.

Natacha Chetcuti-Osorovitz_Femmes en prison et violences de genre

Peu de recherches sont consacrées aux femmes incarcérées pour de longues peines : ni sur les violences subies en amont du fait des hommes, ni sur leurs raisons d’être violentes elles-mêmes « par ricochet ». C’est l’analyse de ce continuum de violence, trop peu pris en compte lors de la décision de justice, que propose cet ouvrage. A partir d’une enquête originale, l’auteure montre comment le parcours d’exécution de la peine est façonné par un dispositif disciplinaire où les femmes doivent se conformer à l’ordre social du genre. Sociologue, Natacha Chetcuti-Osorovitz est l’auteure de nombreux livres, publications et rapports sur les violences de genre, la sociologie carcérale, les théories et controverses féministes et le lesbianisme.

Histoires vraies du dedans

Pour la 3e et dernière année, des auteurs ont mené une collecte d’histoires vraies dans 4 établissements pénitentiaires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur auprès de jeunes étrangers (mineurs et majeurs, femmes et hommes, peu ou pas francophones).

Les auteurs-collecteurs :

- Lisa Lugrin, auteur et dessinatrice de BD, et Mo Abbas, traducteur littéraire de l’arabe, sont intervenus à la maison d’arrêt de Luynes (quartier mineur).

- Les auteurs Sylvain Prudhomme et Bruno Le Dantec au centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille.

- Michel Bellier, auteur, et Lotfi Nia, traducteur littéraire de l’arabe, au centre pénitentiaire d’Avignon-Le Pontet.

- Clément Xavier, auteur et dessinateur de BD, et Mo Abbas, traducteur littéraire de l’arabe, à l’établissement pénitentiaire pour mineurs de La Valentine à Marseille.

Brigitte Brami_Corps imaginaires

J’ai tenu à tricoter avec mes souvenirs marseillais les deux textes qui suivent dans leur intégralité en les laissant intacts. Ils décrivent deux détenues que j’ai connues à la même période lors de mon incarcération en 2013-2014 à Fleury-Mérogis, dans le 91.
Thérèse a vécu son corps comme entièrement aliéné à la cour de promenade, à sa cellule, au petit espace des parloirs, aux contingences. Elle en est morte. Tandis que Sana a déréalisé et réinventé son corps, elle a ainsi agrandi la cour de promenade, sa cellule, le petit espace des parloirs, et les contingences, elle a survécu. Tout corps est imaginaire, quand il est enfermé, quand il jouit, quand il meurt. Et surtout quand il se regarde dans le miroir.
J’ai dû quitter la ville sans corps – Paris – et rejoindre la ville organique – Marseille – pour enfin accepter que mes écrits, Thérèse est décédée et Sana ou le Corps incarcéré deux fois, soient incarnés par deux lectrices dans le cadre d’Une semaine, un auteur, consacrée à mon travail et organisée par Peuple et culture Marseille sur la langue des minoré.e.s.
- Brigitte Brami

Corinne Rostaing_Une institution dégradante, la prison

Dégrader, c’est condamner la personne à perdre sa dignité. L’enquête exceptionnelle de Corinne Rostaing, fruit de trente années de recherche, notamment dans les prisons de femmes, révèle combien, aujourd’hui en France, la détention, malgré les continuelles améliorations, dégrade. Et cet effet ne se limite pas à la durée de l’incarcération ni aux seules personnes détenues. Assurément, les conditions diffèrent, selon que la personne est incarcérée en maison d’arrêt pour le prévenu (en attente de jugement ou de jugement définitif) ou le condamné à une courte peine, en centre de détention pour les condamnés à des peines plus longues (moins de dix ans généralement) ou en maison centrale pour les condamnés à de longues peines ou nécessitant une surveillance particulière. Mais l’effet de l’enfermement, expérience totale et spécifique, est le même : l’espace limité, l’organisation bureaucratique, la vie artificielle, l’isolement et la promiscuité, l’ennui. L’incarcération provoque une remise en cause de l’identité et constitue une épreuve morale sans équivalent. Face à la mission de retrancher l’individu de la société, que pèse la mission de réinsertion sociale, du point de vue de l’institution et des personnes incarcérées ? Comment les sortants peuvent-ils s’en sortir ? La prison, réduite à un rôle de gardiennage des individus, ressemble davantage, pour les 200 détenus qui en sortent chaque jour, à une voie sans issue qu’à un nouveau point de départ. Cet ouvrage formule la question essentielle : quel sens peut-on donner aujourd’hui à la peine et à la prison dans la société démocratique ?

Gwenola Ricordeau_POUR ELLES TOUTES Femmes contre la prison

Les luttes féministes et les luttes pour l’abolition du système pénal et de la prison sont souvent présentées comme antagonistes. Le présent ouvrage vise à délier ce nœud en explorant les formes de protection que les femmes peuvent (ou non) attendre du système pénal et en mettant en lumière les manières dont celui-ci affecte leur existence, qu’elles soient incarcérées ou qu’elles aient des proches en prison.

Le système pénal protège-t-il les femmes? Que fait-il aux femmes qui y sont confrontées? Faut-il inscrire les luttes féministes sur le terrain du droit? En répondant à ces questions, Gwenola Ricordeau dénonce la faiblesse de la proposition politique des courants féministes qui promeuvent des réponses pénales aux violences contre les femmes. Critique du «féminisme carcéral», elle plaide pour des formes d’autonomisation du système pénal.

NADEIJE LANEYRIE-DAGEN_BETTINA RHEIMS_Détenues

Entre septembre et novembre 2014, Bettina Rheims, encouragée par Robert Badinter, photographie des femmes incarcérées au sein de quatre établissements pénitentiaires français. Cette série intitulée «Détenues» rassemble plus d’une soixantaine de portraits, reproduits dans cet ouvrage.
Ce travail photographique s’inscrit pleinement dans le cadre des recherches que mène Bettina Rheims depuis plus de trente-cinq ans en explorant de multiples angles et territoires, en questionnant les conventions et les a priori pour interroger la construction et la représentation de la féminité. Après avoir photographié ses modèles, célèbres ou inconnues, dans des lieux fermés, souvent exigus, Bettina Rheims a souhaité aller à la rencontre de femmes contraintes à vivre dans ces lieux de privation de liberté pour essayer de comprendre leur quotidien, de quelle manière elles imaginaient leur féminité loin des leurs, dans des conditions matérielles
difficiles. Pour les séances de pose, chaque établissement a mis à disposition une pièce qui est devenue le temps du projet un studio improvisé. Chacune des modèles avec l’autorisation préalable de l’administration pénitentiaire et celle du juge d’application des peines, s’est présentée au studio. Pour se faire coiffer et maquiller si elle le désirait. Retrouvant ainsi un peu de cette estime de soi, bien souvent égarée dans ces lieux de détention où rien n’est fait pour elles. Le texte «Fragments» est une fiction construite à partir de souvenirs de ces rencontres. Le récit d’une attention davantage portée sur les émotions suscitées par ces femmes que sur des propos qui auraient été entendus.

Véronique Jaquier_Joëlle Vuille_Les femmes et la question criminelle Délits commis, expériences de victimisation et professions judiciaires

La science est-elle un homme? se demandait Virginia Woolf. Posée à la fin des années 1930, la question reflète un climat scientifique et social marqué par l’invisibilité des femmes, tant comme scientifiques que comme objets de recherche. Les débuts de la criminologie ne font pas exception. Considérer l’émergence des recherches par les femmes et sur les femmes dans les sciences sociales, et dans la criminologie en particulier, est nécessaire à la compréhension des perspectives féministes criminologiques contemporaines. Le processus par lequel la pensée féministe a introduit une réflexion de genre dans la criminologie et influencé ses méthodes de recherche permet de mieux comprendre l’apparition des femmes comme objets de recherche criminologique et le statut actuel des recherches sur les femmes délinquantes, les femmes victimes, et les femmes œuvrant au sein des autorités de poursuite pénale et d’exécution des peines.